La communication non violente
La communication non violente
Lui : « Tu dépenses trop. » Elle : « Et toi, tu ne t’occupes pas de moi. » Et voilà ! Le « tu » tue. Les deux partenaires se lancent des reproches, des insultes, jusqu’au moment où l’un des deux capitule et sort de la pièce. Quelques heures plus tard, penauds, vous devrez corriger le tir. Mais il restera, dans votre esprit, une petite trace de ces reproches, qu’ils soient justifiés ou non. Il existe pourtant une solution à tous ces maux (ou mots) : la communication non violente.
Qu’est-ce que la communication non violente?
La communication non violente (CNV) s’appuie sur des valeurs souvent éludées lorsque survient un conflit à la maison ou en milieu de travail. Pour le pionnier de cette méthode, le psychologue clinicien Marshall B. Rosenberg, la coopération harmonieuse, la compassion, l’empathie et le respect de soi sont des éléments essentiels à toute bonne communication verbale, même en situation conflictuelle. Qui plus est, la mise en pratique de la CNV permettrait à chaque être humain de mieux cerner ses besoins profonds, voire de prendre en charge divers aspects de sa propre vie.
La communication non violente : la communication
Pour le docteur en psychologie, l’être humain n’a donc pas vraiment appris à communiquer au cours des derniers millénaires. En fait, l’éducation reçue nous éloigne plus de cette méthode qu’elle nous en rapproche. En plus d’étiqueter les gens qui nous entourent, nous laissons souvent place au dénigrement et à la comparaison entre les individus. De plus, en phase conflictuelle, les reproches et les exigences font rapidement surface. Le « tu » accusateur occupe le haut du pavé. Et la situation dégénère…
La communication non violente : la base
A contrario, la communication non violente s’appuie sur deux valeurs fondamentales :
– Tous les êtres humains ont des besoins semblables; – Chaque individu est capable d’accéder à un niveau de compassion et de montrer la bienveillance à l’égard de ses propres besoins et de ceux de ses semblables. Ainsi, selon Dr Rosenberg, l’être humain doit apprendre à « s’exprimer sincèrement et clairement, en portant sur l’autre un regard empreint de respect et d’empathie ».
La communication non violente : la méthode
La méthode de communication non violente s’appuie sur quatre étapes simples et précises:
1. Observer : dans un premier temps, elle invite la personne en situation conflictuelle à observer la situation telle qu’elle se présente, en évaluant, de façon précise, les faits qui ont mené au conflit, sans étiquette aucune. Elle identifiera alors les causes exactes de son agacement ou de son agressivité.
2. S’analyser : les interlocuteurs sont invités à s’interroger sur leurs propres sentiments. Étais-je triste, fâché, joyeux lorsque la conversation a débuté? Et maintenant, quels sont mes sentiments face à la situation? Ma colère augmente? Je me sens trahi? En reconnaissant le sentiment qui l’assaille, la personne impliquée dans le conflit pourra en évaluer les impacts présents et futurs.
3. Identifier ses propres besoins : ces deux étapes franchies, les personnes en cause doivent identifier leurs propres besoins, puis déterminer les moyens nécessaires pour les satisfaire.
4. S’exprimer sans attaque : après avoir identifié ses sentiments et ses besoins, chaque partie doit exprimer une demande négociable. Cette dernière doit être claire, positive, concrète et réalisable.
La communication non violente : l’empathie
Notez qu’à chaque étape, les interlocuteurs doivent faire preuve d’empathie et se « placer dans la peau de l’autre » pour mieux comprendre l’origine du conflit et la demande qui leur est adressée. Ainsi, « Tu dépenses trop » pourrait devenir « J’ai l’impression que nous pourrions économiser quelques dollars par semaine pour faire un voyage dans le Sud (ou pour refaire la cuisine). » Votre interlocuteur sera alors nettement plus réceptif.
De la même manière, « tu ne t’occupes pas de moi » serait beaucoup mieux reçu si vous disiez : « j’ai besoin que tu me prennes dans tes bras et que tu me fasses un petit câlin tous les jours. »
Dans chacun des cas, l’interlocuteur devra exprimer de l’écoute face au sentiment de l’autre soit en répétant le besoin exprimé, soit en bonifiant la proposition (« Nous ferons le voyage cette année ou l’an prochain » ; « Viens dans mes bras, ma chérie »).
Adieu le litige et bienvenue dans le monde de la communication non violente.
La communication non violente : les bénéfices
En mettant en pratique la technique de communication non violente, chaque personne en tirera des bénéfices évidents, et quasi immédiats.
– Des besoins compris : en plus de savoir, dès le départ, que les besoins exprimés ont été compris, elle se retrouvera en position de collaboration mutuelle avec son vis-à-vis. D’ailleurs, lors d’une situation plus harmonieuse, il est difficile d’envisager une escalade du conflit.
– Économie d’énergie : parallèlement, tous amélioreront la qualité de leurs relations tant à l’école qu’en milieu de travail. En utilisant les principes de communication mentionnés plus haut, vous minimiserez le gaspillage d’énergie nécessaire à la résolution de conflits.
– Contrôle des émotions : de plus, la communication non violente aura des effets positifs chez tous les individus. En effet, les personnes qui se laissent submerger par leurs émotions se sentiront plus à l’aise face à une situation conflictuelle. Pour leur part, les individus de tendance agressive seront moins enclins à se laisser envahir par la colère ou le ressentiment.
Voilà, la communication non violente n’a plus de secret pour vous, ou presque. Rappelez-vous toutefois qu’il faut une bonne dose de détermination pour appliquer cette méthode, pourtant toute simple, lors de situations tendues. Il vous faudra revoir tout ce que vous avez appris en matière de communication pour vous centrer sur vos propres besoins, et sur ceux de votre interlocuteur. Et l’empathie, disons-le, ne vient pas naturellement lorsque nous sommes en situation conflictuelle. Vous aurez donc besoin de quelques mois, voire de quelques années, pour atteindre votre objectif.
Henri Michaud, rédacteur Canal Vie:http://www.canalvie.com/vie-de-couple/articles/la-communication-non-violente-8195/
Quelques suggestions de lecture :
Rosenberg Marshall B. Les mots sont des fenêtres (ou des murs), Éditions Jouvence, France, 1999.
D’Ansembourg Thomas. Cessez d’être gentil soyez vrai! Être avec les autres en restant soi- même, Éditions de l’Homme, Canada, 2001.