Culpabilité ou responsabilité ?

Culpabilité ou responsabilité ?

On accuse souvent son partenaire d’être responsable de notre malheur. On s’accuse tout aussi souvent d’être le principal artisan de notre malheur ou de celui de notre conjoint. Mais est-on vraiment responsable de l’autre? Et à quoi sert de se culpabiliser? Peut-on être responsable sans être coupable?

La culpabilité

La culpabilité, ou le sentiment de culpabilité, naît de la contradiction entre ce qu’on veut être (en contrôle, patient, aimant…) et les actions qu’on fait (réactions émotives, impatience, insulte…). Donc, de la différence entre l’image de soi-même et ce qu’on est réellement.

Nous culpabilisons notre partenaire lorsque celui-ci ne correspond pas à ce que nous attendons de lui (aimant, patient, en contrôle…). Donc, entre l’image de ce que nous avons de lui et ce qu’il est ou fait réellement.

La conséquence de l’une ou l’autre de ces contradictions est soit un sentiment de culpabilité lorsque notre image et nos comportements se contredisent, soit du ressentiment envers l’autre si ses comportements contredisent ce que nous attendons de lui. Nous le rendons alors responsable de nous.

 

La responsabilité

À moins de souffrir de maladie mentale, nous sommes toujours responsables des actions que nous faisons ou des réactions que nous avons puisque nous en sommes l’auteur. La preuve : nous aurions pu ne pas faire cet acte ou réagir autrement. Mais nous ne sommes pas responsables des actions ou réactions que l’autre aura face à nos actions ou à nos réactions.

Évidemment, si je donne sciemment un coup de poing à mon partenaire ou de la nourriture contaminée, je serai responsable de la douleur occasionnée. Mais la façon de réagir de mon partenaire à ce coup volontaire et à cette douleur dépendra de lui et non de moi : me redonner un coup, se soumettre, me quitter.

L’une des sources des nombreux conflits conjugaux est de croire que c’est l’autre qui est responsable de mes actions ou de mes réactions; «Je suis en colère parce que tu es en retard.» La réalité est que je suis responsable de mon retard; la colère de mon partenaire dépend, quant à elle, du fait que je ne corresponde pas à l’image qu’il a de moi, soit d’être à l’heure.

 

De la culpabilité à la responsabilité

Nous confondons trop souvent culpabilité et responsabilité. En fait, la culpabilité ne sert à rien, sauf à nous critiquer, à diminuer notre estime de soi, à nous paralyser et à faire de même pour notre partenaire.

J’aime beaucoup faire une coupure dans le mot «responsabilité» (respons-abilité) que je traduis alors par «habilité à répondre adéquatement à une situation donné». Prendre la responsabilité pleine et entière de ses actions et réactions et laisser à l’autre cette même responsabilité est beaucoup plus efficace pour être heureux en couple.

Prendre conscience que certaines de mes actions provoquent toujours la même réaction chez mon partenaire et changer cette action pour une autre plus appropriée constitue en soi une prise de responsabilité de mon bonheur conjugal : je m’adapte à l’autre, et non je me soumets.

Changer ma réaction au comportement de mon partenaire, c’est aussi faire preuve de responsabilité conjugale. Dire «j’avais hâte que tu arrives» à son retour tardif signifie que j’exprime mon besoin et non ma frustration et surtout, que je ne rends pas mon partenaire responsable de ma colère.

Qui, parmi nous, n’a jamais été content (ou apeuré, ou triste, ou éprouvé de la culpabilité) parce que son conjoint est en retard? À moins de violence physique, les actions ou les paroles de mon partenaire sont inoffensives, sauf si je refuse que mon partenaire soit libre d’être ce qu’il est et qu’ainsi je me blesse moi-même.

La liberté n’existe pas sans responsabilité,
et inversement

Source : Yvon Dallaire, psycholoque. Parlons d’amour, la psychologie de couples heureux, Les éditions Québec-Livres, ISBN 978-2-7640-2050-0

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