Ces mots qui blessent… pour la vie

Ces mots qui blessent… pour la vie

Il arrive qu’on les choisisse volontairement, sous le coup de la colère, ou qu’ils nous échappent malgré nous. Les mots qui blessent peuvent laisser des traces dans le coeur d’un enfant. Un expert en éducation parentale nous dit comment éviter d’y avoir recours.
On entend souvent parler de la violence physique faite aux enfants. Il existe une autre forme de violence, beaucoup plus sournoise, dont on parle moins: la violence verbale. Elle ne se voit pas; elle s’entend. Lorsqu’on en use à répétition, elle finit par transpercer le coeur de sa victime et va se nicher quelque part dans sa tête. Là où la confiance en soi devrait normalement s’installer, elle prend toute la place. «Je suis un incapable, un imbécile et un fainéant, donc je ne vaux rien. Ma mère me l’a répété si souvent! Ça ne peut qu’être vrai», se dit le petit.

La violence au quotidien

Nous ne nous rendons pas toujours compte de l’impact que peut avoir le choix de nos mots sur le développement de nos enfants. Et même lorsque nous en sommes conscients, ces mots continuent parfois de nous échapper malgré nous. «C’est souvent une question de culture. Nos parents nous ont parlé de cette façon, et nous nous adressons à nos enfants en employant les mêmes termes, les mêmes expressions», explique Gérald Boutin, docteur en psychopathologie et en psychopédagogie, diplômé en thérapie familiale et chercheur en éducation parentale depuis plus de 20 ans.

Les mots Ă  Ă©viter

Selon le Dr Boutin, l’emploi d’un simple surnom peut faire plus de mal qu’on le croit. Certains enfants en viennent Ă  se sentir dĂ©possĂ©dĂ©s de leur nom vĂ©ritable. Par ailleurs, les comparaisons avec soi (du type «Moi, quand j’avais ton âge, je rĂ©ussissais mieux…») ou avec d’autres personnes sont dĂ©conseillĂ©es, car elles font souvent rĂ©fĂ©rence Ă  des traits de caractère dĂ©sagrĂ©ables («T’es bien comme ton père! Toujours en retard et complètement dĂ©sordonnĂ©!»). On suggère aussi d’éviter les critiques Ă  rĂ©pĂ©tition, qui ne font que dĂ©truire l’estime de l’enfant plutĂ´t que de l’amener Ă  se corriger et Ă  amĂ©liorer son comportement.
Bien sûr, le rôle de parent n’est pas toujours facile. Se maîtriser lorsqu’on rentre du travail fatigué, à bout de nerfs, et qu’on doit affronter un enfant turbulent relève de l’exploit. «En raison de la tension accumulée, on finit par perdre le contrôle. C’est normal. Il ne faut surtout pas se culpabiliser pour ça; il faut trouver des moyens d’apprendre à contrôler cette tension nerveuse», dit le Dr Boutin.

Apprendre à se maîtriser

Pourquoi ne pas marquer un temps d’arrêt et respirer profondément avant de lancer des injures à cause d’un verre d’eau renversé ou d’un vase cassé? En y réfléchissant un peu, nous constaterons que ce qui nous apparaît comme un geste malintentionné de la part de notre bambin pourrait n’être qu’une maladresse normale pour un enfant de cet âge. «Il faut réaliser que nous sommes les parents. C’est à nous de trouver des moyens d’aider notre enfant à travailler sur lui-même et sur ses comportements», insiste M. Boutin. Il rappelle qu’il existe une foule de livres et d’ateliers de formation pour aider les parents à développer leurs habiletés.

Reprendre un enfant sans l’insulter

Plutôt que de dénigrer l’enfant, on insistera sur le geste qu’on désapprouve. Dire à notre enfant que l’action qu’il a faite n’est pas bien pour telle ou telle raison passe mieux que de lui dire qu’il est méchant parce qu’il a fait ceci ou cela.
Il importe aussi d’amener l’enfant à réfléchir sur ce qu’il vient de faire pour le responsabiliser. Par exemple, on peut lui dire: «Est-ce que tu es content de ce que tu viens de faire?» ou «Crois-tu que tu pourrais faire les choses autrement? Comment t’y prendrais-tu?»

Lorsque le mal est fait

Nous avons droit à l’erreur, mais nous avons aussi le devoir de reconnaître nos torts lorsque nos mots dépassent notre pensée. «Les enfants sont parfaitement capables de faire la part des choses, croit M. Boutin. Il n’y a rien de mal à s’excuser auprès de son enfant après avoir été un peu trop agressif envers lui. Au contraire, c’est une excellente façon de lui apprendre que les adultes ne sont pas parfaits et qu’ils peuvent, eux aussi, se tromper.»

Six choses Ă  retenir

1-Les enfants ont droit au respect. On oublie souvent qu’ils sont, eux aussi, des personnes à part entière.
2-Jusqu’à trois ans, les enfants sont très perméables aux mots. Ils s’imprègnent donc plus facilement des insultes à répétition à cet âge.
3-Les parents ont droit à l’erreur.
4-Le ton de la voix peut véhiculer l’affection ou le rejet.
5-L’expression du visage parle parfois davantage que les mots.
6-Établir des consignes claires à la maison permet d’éviter bien des confrontations.

Les conséquences psychologiques de la violence verbale
Perte ou absence d’estime de soi
Isolement, sentiment de ne pas être aimé
Attachement excessif Ă  une tierce personne pour compenser un manque…

«Dans la thérapie de mon enfant, il faut toujours conclure une activité sur une note de réussite et le féliciter. Il acquiert ainsi une plus grande confiance en lui et il ne reste pas avec une impression d’échec. Je crois que nous devrions appliquer ce principe à tous les enfants!»

Pour en savoir plus:
Livre : Éduquer sans punir, Dr Thomas Gordon, Les Éditions de l’Homme

Source: Par Renée Laurin | Moi & cie – ven. 9 mars 2012 14:35 http://fr-ca.etre.yahoo.com/ces-mots-qui-blessent-pour-la-vie.html

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